Fil d'Ariane
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- Drogues et conduites addictives en Guyane en 2024
Lancé en 2022 pour combler le déficit de connaissances sur les usages de drogues dans les territoires ultramarins, le projet OUDOM mène des états des lieux qualitatifs en Martinique, en Guyane, en Guadeloupe et à Mayotte. Ce rapport présente les résultats pour la Guyane, portant sur les usages, les profils d’usagers, le trafic local et les modes d’approvisionnement.
L’étude confirme la place centrale de la Guyane comme maillon stratégique du trafic sud-américain de cocaïne vers l’Europe. Aux acheminements directs vers la France s’ajoutent des filières de plus en plus actives via les Antilles. Malgré les contrôles renforcés à l’aéroport de Cayenne depuis 2022, les réseaux affinent leurs stratégies pour contourner ces dispositifs.
La forte circulation de cocaïne liée au trafic international alimente en Guyane une offre locale abondante et à bas prix. Elle s’y vend deux à trois fois moins cher qu’en métropole. Il s'agit d'un des seuls territoires français, avec le nord-est parisien, la Martinique et la Guadeloupe, dans lequel la forme basée de cocaïne (crack) est également disponible à la vente. Le cannabis, majoritairement sous forme d’herbe, est largement accessible grâce à une production locale et à des importations depuis les pays voisins. Le marché de la résine, quant à lui, se développe via un trafic en provenance du Maroc, parfois en lien avec des échanges contre de la cocaïne. Enfin, on observe une structuration croissante du trafic de MDMA depuis le Suriname, sous forme cristalline aussi bien qu’en comprimé, mais également depuis peu sous forme liquide, dite « Pikachu ». Ce produit très concentré et ciblant les adolescents, inquiète en raison de ses risques importants pour la santé. Plusieurs cas graves ayant conduit à des hospitalisations ont été recensés en 2024-2025 dans l’Ouest guyanais.
Les usages observés en Guyane varient selon les profils socioprofessionnels. Comme en métropole, la cocaïne chlorhydrate concerne surtout un public inséré, souvent originaire de l’Hexagone. Pour certains, l’arrivée en Guyane marque le début de la consommation, favorisée par le faible coût, l’accessibilité et la présence du produit dans certains cercles sociaux. À l’inverse, la cocaïne basée (crack) touche des personnes en grande précarité, confrontées à l’instabilité financière et au manque d’hébergement.
En Guyane, l’offre en addictologie s’appuie sur des structures spécialisées (CAARUD, CSAPA, etc.), mais l’absence de dispositifs généralistes pour répondre aux besoins essentiels (hébergement, insertion) freine le suivi durable des publics les plus précaires.