On désigne par « addictions comportementales » ou « addictions sans produit » des troubles addictifs liés à des activités ou des comportements, en l’absence de consommation de toute substance psychoactive.
Le concept d’addiction, s’est élaboré pour rendre compte des progrès effectués dans la compréhension de l’origine et de la nature des troubles préalablement dénommés toxicomanie ou dépendance. L’observation de comportements semblables à ceux de l’addiction aux produits mais centrés sur une activité donnée, partageant les mêmes facteurs de risque et les mêmes caractéristiques évolutives, a contribué à faire émerger le concept « d’addiction a une expérience » et à minorer le rôle physiologique du produit, responsable de la dépendance dans la pathologie addictive.
Les comportements concernés
De très nombreux travaux consacrés au jeu d’argent et de hasard ont pu montrer la similarité des modifications fonctionnelles et anatomiques des circuits cérébraux avec celles caractéristiques de l’addiction.
D’autres troubles comportementaux sont habituellement évoqués comme pouvant conduire à l’addiction : il s’agit principalement des troubles liés aux jeux vidéo ; aux pratiques sexuelles (pornographie en particulier), à l’achat compulsif, à l’exercice physique, au travail ou à d’autres activités accessibles par Internet (réseaux sociaux, streaming…). Des médias ou des supports d’activités sont aussi désignés comme des « objets » d’addiction, tels que le smartphone, les écrans, Internet ou les technologies de l’information et de la communication, sans que le rôle attribué au média (par rapport à l’activité pratiquée) dans la genèse de l’addiction soit toujours très clair.
L’attribution de la qualification d’addiction à chacun de ces autres comportements ne fait pas l’objet d’un consensus. Seuls les troubles du jeux vidéo restent discutés à la marge. Cette disparité de points de vue tient notamment aux types de critères exigés pour définir une addiction comportementale et à l’importance que chacun leur donne : critères cliniques (lesquels ?), processus psychopathologique à l’œuvre ou démonstration à l’aide des neurosciences des dysfonctionnements cérébraux caractéristiques de l’addiction.
Les comportements reconnus par les classifications nosographiques
La dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) publiée en 2013 et révisée en 2022 intègre pour la première fois un sous-chapitre destiné aux troubles addictifs comportementaux qui contient uniquement le jeu d’argent et de hasard gambling disorder, traduit par « jeux d’argent pathologique »).
Le jeu vidéo est présent (Internet gaming disorder, traduit par « usage pathologique des jeux sur Internet ») dans une section « Mesures et modèles émergents » du chapitre « Affections proposées pour des études supplémentaires ».
La dernière version de la Classification internationale des maladies (CIM-11) parue en 2018 dans sa version anglaise et en 2022 dans sa version française intègre le gambling (traduit « jeu de hasard » et le gaming (traduit par « jeu » sous l’intitulé « conduites addictives ».