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Profils et pratiques des usagers de nouveaux produits de synthèse

 

eftxacw4.jpgTendances n° 108, OFDT, 8 p.
Avril 2016

Depuis l’émergence progressive des NPS (Nouveaux produits de synthèse) en France à la fin de la décennie 2000, l’étude du phénomène s’est surtout concentrée sur l’offre, dont les modalités innovantes engendrent une complexité inédite du marché des drogues et tendent à mettre en échec les méthodes les plus classiques de lutte contre le trafic. Les informations relatives aux usagers restent donc actuellement parcellaires. C’est pourquoi, dans le cadre du projet I-TREND, cofinancé par la Commission européenne, une enquête auprès des usagers de ces substances a été menée en ligne en 2014, en France, aux Pays-Bas, en Pologne et en République tchèque. Elle visait une meilleure connaissance des profils, des motivations et des pratiques des personnes ayant expérimenté ou consommant ces substances. Le numéro 108 de Tendances présente les résultats de cette enquête.

L’hypothèse selon laquelle les NPS seraient diffusés essentiellement parmi des personnes déjà amatrices de substances psychoactives se trouve accréditée, les NPS n’apparaissant pas comme un mode d’entrée dans l’usage de drogues. L’enquête montre également la préférence des consommateurs réguliers pour les effets hallucinogènes. Le déroulement des derniers usages, majoritairement en contexte privé, et l’insertion sociale des répondants confirme le caractère caché d’une partie des usages de NPS. Par ailleurs, s’il était prévisible que tous les usagers n’achètent pas eux-mêmes les substances consommées directement sur Internet, la proportion des répondants concernés (environ la moitié), témoigne du potentiel de diffusion des substances au-delà des seuls acheteurs en ligne.

L’enquête apporte également un éclairage sur les attentes et pratiques des répondants en termes d’informations et sur leur représentation des NPS. Le premier cercle (Usagers certains de NPS) utilisent très largement les forums de discussion spécialisés, consultés également mais légèrement moins par le deuxième cercles d’usagers (Usagers probables de NPS), lesquels tirent plus fréquemment leurs connaissances des membres de leur entourage. Enfin, le cercle le plus éloigné du centre tire en premier lieu ses connaissances des médias. Ainsi, les forums d’usagers constituent certainement un support particulièrement adapté à la délivrance de messages de réduction des risques, mais il semble également pertinent de prévoir une communication vers les publics moins familiers de NPS, à travers des médias différents. Cela pourrait être le cas, par exemple en espace conventionnel festif où les usagers sembleraient dans l’ensemble, moins bien informés que les autres usagers.

Les répondants affichent dans l’ensemble une vision assez rationnelle des NPS, dont ils craignent les dangers. Cette crainte s’avère fondée compte tenu de la fréquence des effets indésirables ayant accompagné la dernière prise. Ces risques sont à prendre en compte d’autant plus que 17 % des usagers au cours de l’année écoulée déclarent avoir consommé seuls chez eux.

Auteur : Agnès Cadet-Taïrou

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