Adressé à l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) : principales évolutions du phénomène des drogues et des toxicomanies en France

 

Rapport national à l'OEDT - 2005


Les rapports nationaux sont des documents dont la version finale est rédigée en anglais.
Les versions françaises mis à disposition sur le site sont des documents intermédiaires, intégrant déja pour la plupart une couverture et des titres en anglais, prédéterminés par l'OEDT.


Contexte politique 2004-2005

L’année 2004-2005 a été principalement marquée par la publication du référentiel national des actions de réduction des risques (décret n°2005-347 du 14 avril 2005).

En février 2005 une grande campagne médiatique de sensibilisation auprès des jeunes sur les méfaits du cannabis a été réalisée : « le cannabis est une réalité ». Globalement, on peut dire que depuis de longs mois, l’attention du gouvernement comme des médias s’est focalisée sur le cannabis.

Consommations

L’exercice 2003 de l’enquête ESCAPAD montre pour la première fois en France des signes de ralentissement de la consommation de cannabis chez les jeunes garçons de 17-18 ans (Beck et al., 2004b, et section 2). Sur la période 2000-2003, grâce aux mêmes enquêtes, il a été observé un léger accroissement de certaines expérimentations chez les 17-18 ans : poppers, ecstasy, amphétamines et cocaïne.

Tendances récentes

Parmi les nouvelles tendances de consommations observées en France, on constate le développement des usages de plantes hallucinogènes, et ce, plus particulièrement dans l’espace festif (Bello et al., 2005c, section 4 et l’éclairage spécifique sur les « usagers de drogues dans l’espace festif »).

La fin de l’année 2004 et le début de celle de 2005 ont été marqués par des cas d’intoxication par un mélange de cocaïne et d’atropine. Vingt six cas ont été recensés faisant l’objet d’une alerte sanitaire relayée par la presse nationale (section 6). Indicateurs sanitaires, sociaux et pénaux Pour la première fois en 2003, le cannabis (et ses dérivés) est le produit à l’origine du plus grand nombre de prise en charge parmi les nouveaux patients accueillis dans les structures, juste devant les opiacés (Palle et al., 2005, section 4). Les différents indicateurs disponibles confirment une baisse de la pratique de l’injection parmi les usagers de drogues (section 4).


Enquête « SAM » (section 6) : résultats de l’enquête épidémiologique sur stupéfiants et accidents mortels de la sécurité routière


Menée par l’INRETS (Institut national de la recherche sur les transports de leur sécurité) et coordonnée par l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) grâce à un financement de la Direction générale de la santé (DGS), cette enquête est la première à permettre une évaluation précise du risque de la consommation de cannabis sur les comportements au volant. Les 10 748 procédures exploitables d’accidents immédiatement mortels ont permis de déterminer que les conducteurs sous l’influence de cannabis ont 1,8 fois plus de risques d’être responsables d’un accident mortel que les conducteurs n’ayant pas consommé ce produit. Le sur-risque pour les conducteurs sous l’influence de l’alcool, tous taux d’alcoolisation confondus, est comparativement de 8,5. Par ailleurs, la part des accidents mortels attribuables à une positivité au cannabis est de l’ordre de 2,5 %. Au total en France, sur une base de 6 000 accidents mortels, le nombre imputable au sur-risque de responsabilité attaché à une conduite sous cannabis serait de l’ordre de 180 tués. Proportionnellement, ces victimes sont plus fréquemment des hommes jeunes (18-24 ans) que celles décédées dans un accident dans lequel le conducteur responsable n’a pas consommé de cannabis. L’enquête détermine également un effet-dose comme pour l’alcool.

 

En 2004, 69 décès par surdose ont été recensés, il s’agit du niveau le plus bas jamais atteint en France. Dans la continuité des observations faites depuis le début des années 2000, l’héroïne est de moins en moins souvent en cause dans les décès par surdose contrairement aux médicaments et à la cocaïne (section 6).

Les différents indicateurs pénaux (interpellations, condamnations et incarcérations pour infractions à la législation sur les stupéfiants) sont encore en augmentation en 2004 (croissance continue depuis l’année 2002, section 8).

Trente et un pour cent des entrants en prison en 2003 déclarent une consommation excessive d’alcool et 33 % une utilisation prolongée et régulière de drogues illicites au cours des 12 derniers mois précédent leur incarcération (Mouquet, 2005, section 8). Parallèlement, une enquête a été menée sur la prise en charge sanitaire et sociale des personnes détenues présentant une dépendance ou ayant une consommation abusive de produits licites ou illicites (Obradovic, 2005). L’étude conclut que même si l’offre de prise en charge est globalement satisfaisante en prison, des avancées restent à faire notamment en termes d’accès aux traitements de substitution et aux substituts nicotiniques.

Résumé des éclairages spécifiques

Différences de genre dans les usages de substances psychoactives (par F. Beck, S. Chacker et S. Legleye)
Alors que les pays anglosaxons ont depuis longtemps développé les études centrées sur le genre et l’approche genre d’une manière plus générale, la France connaît un retard important dans ce domaine. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que la problématique s’impose progressivement dans les recherches en se focalisant sur les usages différenciés d’alcool. Ces dernières années, les équipes de recherche et acteurs (prévention, réduction des risques) qui ont intégré cette question dans leurs actions concluent sur le manque de moyens accordés à la thématique alors que les données épidémiologiques attestent d’une différence marquée entre les sexes. L’usage de substances psychoactives, licites ou illicites, est davantage un comportement masculin ; seules exceptions à la règle, la consommation de produits psychotropes s’avère majoritairement féminine tandis que le tabagisme est devenu de plus en plus unisexe. Autre exemple, pour ce qui est du recours aux soins, en dehors de la fréquentation des consultations de tabacologie, les hommes sont beaucoup plus présents (70 à 80 % de la population) que les femmes.

Politique des drogues en Europe : élargissement par delà les drogues illicites ? (par I. Obradovic et C. Diaz Gomez)
Depuis 1999, le champ d’action de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) inclut les produits licites, les substances dopantes et les produits illicites, accordant ainsi une priorité aux comportements d’usage plutôt qu’aux produits et développant la notion d’addiction. Cependant, le principe de l’élargissement de la notion des drogues aux produits licites n’est pas sans poser de problèmes (interventions en matière de prévention de soins ou de répression, statut spécifique de l’alcool et du vin en France, par exemple), c’est notamment pour cette raison que le dernier plan quinquennal, sans revenir sur la légitimité de l’approche globale, a choisi de privilégier une approche par produit. Assurant la mise en oeuvre du programme « drogues et toxicomanie » et sa coordination, le plan défini par la MILDT est ensuite relayé au niveau local par différents acteurs et intervenants du champ (chefs de projets, CIRDD…).

Usage de drogues dans l’espace festif en France : situation en 2004 et éléments d’évolution récentes (par P.-Y. Bello, C. Reynaud-Maurupt, A. Toufik, M. Gandilhon, I. Evrard et le réseau TREND)
Grâce au dispositif TREND, les consommations de produits psychoactifs qui se déroulent dans l’espace festif techno français sont observées et suivies depuis quelques années, des enquêtes qualitatives régulières viennent renforcer ce dispositif mis en place depuis 1999. Depuis la fin de l’année 2001, un cadre légal a été instauré pour l’organisation de rassemblements festifs, ce qui a eu des répercussions immédiates sur le type d’évènements organisé, les lieux, les fréquentations et les produits consommés dans leur cadre. Les produits les plus consommés en milieu festif sont d’abord l’alcool et le tabac puis le cannabis ; parmi les produits illicites autres que le cannabis, l’usage de produits stimulants et d’hallucinogènes est en croissance au cours des dernières années.



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