La Martinique se caractérise par des spécificités géopolitiques et socioculturelles participant à un dynamisme des trafics et des usages de drogues illicites sur son territoire. L’apport des données qualitatives permet de mettre au jour des contextes locaux précédemment décrits par des enquêtes quantitatives. Outre leur comparaison avec d’autres territoires, ces résultats permettent avant tout de dresser des premières conclusions sur la question des modalités d’usages, des particularités des usagers ainsi que des prises en charge par les structures de RdRD et de soins sur le territoire martiniquais, et d’offrir des éléments sur l’évolution ou la persistance de certains phénomènes.
Les résultats relevés par cette enquête confirment des tendances documentées précédemment. La position géostratégique de la Martinique dans les trafics internationaux de cocaïne vers l’Europe continue de générer une disponibilité de la substance localement et d’alimenter une dynamique de trafics soutenue. Bien que la forme chlorhydrate de cocaïne constitue la deuxième drogue illicite la plus consommée sur l’île, cette enquête consacrée aux usagers particulièrement consommateurs et en situation de grande précarité permet surtout de relever les modalités d’usages de sa forme basée. Les récits des professionnels, ainsi que les profils des enquêtés s’accordent sur le vieillissement de la population usagère, en cohérence avec le vieillissement global de la population martiniquaise. Cette population usagère de crack est toujours aussi circonscrite, et reste visible dans les mêmes espaces de consommation que relevés précédemment.
Les usagers interrogés font part d’un besoin de diversification des outils et des stratégies de RdRD. Ceux-ci, informés et bénéficiaires des accompagnements proposés par les structures dédiées (aide aux démarches, dépistages, etc.), s’accordent sur la nécessité d’une présence sociale davantage marquée sur l’entièreté de l’île, par l’implantation d’accueils de jours au nord et au sud du territoire afin de rompre l’isolement des secteurs excentrés et des publics moins visibles.