Présentation
Le GHB (gamma-hydroxybutyrate) est une molécule de synthèse utilisée en médecine pour le traitement de la narcolepsie et comme anesthésiant, qui agit sur les récepteurs GABA comme l’alcool ou les benzodiazépines. Lorsqu’il est détourné de son usage médical pour être consommé à des fins récréatives, ses effets attendus sont l’ébriété, la désinhibition, l’augmentation de la libido, la sédation et l’euphorie. Il se présente généralement sous la forme d’un liquide incolore et inodore, plus rarement sous forme de poudre blanche. Il est classé dans la liste des stupéfiants en France en 1999.
Le GBL (gamma-butyrolactone, couramment appelé « G ») est un solvant industriel liquide, précurseur chimique du GHB, qui, une fois ingéré, est rapidement métabolisé dans l’organisme en GHB après absorption. Cette substance induit des effets identiques à une consommation de GHB, quoique plus rapide et d’une durée plus courte (une à deux heures contre trois à quatre heures). Avant d’être consommé, le GBL est dilué dans un soda ou de l’eau. Du fait de son utilisation courante dans l’industrie, le GBL n’a fait l’objet d’aucune réglementation particulière jusqu’en 2011, facilitant l’accessibilité et le détournement du produit, si bien qu’au cours des années 2000, son usage a remplacé progressivement celui du GHB. En 2011, la cession et la vente de GBL est interdite auprès du grand public.
A partir des années 1990, le GHB est un produit impliqué dans des cas d’agression sexuelle, étant parfois ajouté à la dérobée dans les verres dans un objectif de soumission chimique de la victime facilitant une agression.
A la fin des années 2000, il y a une intensification des consommations de GHB/GBL en espace privé liée au développement du chemsex, c’est-à-dire des pratiques de consommation de substances psychoactives dans le cadre de relations sexuelles organisées à domicile. Initialement cantonnées à ces milieux, les consommations de poppers et de GHB/GBL se sont progressivement étendues à d’autres usagers fréquentant les espaces festifs.
Il existe d’autres substances hallucinogènes comme le LSD, les champignons hallucinogènes, le poppers, la kétamine, le protoxyde d’azote : pour ces produits, voir les fiches dédiées.
Production/offre
En France, les substances hallucinogènes ne font pas l’objet d’un trafic organisé ou de grande ampleur comme d’autres substances illicites.
Saisies
En France, le nombre de saisies et d’interpellations pour usage simple et trafic ou usage-revente de substances hallucinogènes sont très faibles du fait de l’absence de trafic structuré. Ainsi, les quantités saisies, qui connaissent une part importante de variation aléatoire d’une année sur l’autre, ne sont pas réellement représentatives de la présence des substances sur le territoire national. En outre, ces substances hallucinogènes échappent aux kits utilisés lors des contrôles routiers.
Au niveau européen, les saisies de GHB ne font pas l’objet d’une surveillance systématique. Néanmoins, d’importantes saisies de GHB ou de GBL ont été signalées par 18 pays, représentant 48 tonnes soit 500 litres. En raison de l’utilisation intensive du GBL à des fins industrielles, les données sont difficiles à interpréter.
Offre
Le GHB, incolore et inodore et le GBL, incolore, sont facilement transportables par les usagers dans les établissements festifs. Le plus souvent, le produit est transporté dans les lieux publics à l’intérieur d’une bouteille d’eau, d’une pipette, d’une seringue ou, plus rarement, dans une fiole de poppers.
Selon les observations du dispositif de veille sur les évolutions et les phénomènes émergents dans le champ des drogues de l’OFDT (TREND), les coordinations à Paris et à Lyon en 2016 et 2017 observent que le GHB/GBL est partagé entre consommateurs venus avec leur propre produit et fait très rarement l’objet d’une revente en établissement. Toutefois lorsque c’est le cas, il est parfois vendu par dose unitaire de 10 euros et conditionné en pipette. Le contenu de ces pipettes est versé dans les verres au fur et à mesure de la soirée.
Consommation
En population adolescente
Selon l’enquête des usages de substances psychoactives chez les collégiens et lycéens Enquête EnCLASS), chez les lycéens, le niveau d’expérimentation du GHB maintient un niveau stable entre 2018 et 2022. 1,5 % déclarent avoir expérimenté le GHB en 2022 et 1,1 % en 2018.
En population adulte
Du fait de la rareté de la consommation du produit à l’échelle de l’ensemble de la population, son usage n’est aujourd’hui plus mesuré par les enquêtes en population générale en France.
Au niveau Européen, le GHB et le GBL sont disponibles, mais ces substances sont peu surveillées, ce qui limite la compréhension de leur consommation et de leur incidence sur la santé publique.
Les estimations nationales de la prévalence de la consommation du GHB dans les populations adultes et scolaires sont faibles. Le GHB était la cinquième drogue la plus fréquemment signalée par les hôpitaux du réseau Euro-DEN Plus en 2019, présente dans 10,6 % des cas de toxicité médicamenteuse aiguë et dans 27 % des admissions en soins intensifs.
Conséquences
Les effets négatifs évoqués par les usagers sont surtout les « bad trips », des malaises « à tonalité cauchemardesque » accompagnés d’angoisse, qui surviendraient en général lors de prises dans un contexte non optimal (personne fatiguée par exemple). Des effets durables, parfois sur plusieurs jours (usagers « scotchés » ou « perchés »), mais aussi des risques avérés d’accidents ou d’actes inconsidérés liés au vécu délirant sont également mentionnés.
A forte dose, le GHB et le GBL ont des propriétés amnésiantes et hypnotiques. Le GBL exige un dosage extrêmement précis (de l’ordre du millilitre) du fait de l’écart étroit entre la dose nécessaire à l’obtention des effets recherchés et l’intoxication aiguë qui peut entraîner des convulsions, une perte de conscience (appelée « G-hole » par les usagers familiers de ce produit) et une dépression respiratoire, avec un risque de décès. Il existe une variation des effets du GHB/GBL en fonction des individus.
Les hallucinogènes n'entraînent habituellement ni dépendance ni tolérance, en particulier du fait de leur consommation en séquences relativement espacées. Cependant, selon la littérature scientifique, la consommation chronique du GHB et du GBL peut induire une dépendance, avec un effet de tolérance particulièrement marqué. Peu d'informations sur l'impact de la consommation à long terme de GHB/GBL sur la santé sont disponibles. Si le principal risque à long terme est la dépendance, d'autres effets à long terme ont été signalés, notamment des dommages neurotoxiques comme des troubles graves de la mémoire, détérioration de la santé mentale, physique et sexuelle, maladies cardiaques, problèmes respiratoires.
Recours aux soins
En 2021, près de 150 personnes ont consulté un Centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) pour un usage problématique de GHB. Parmi ces 150 personnes, près de 60 personnes ont consulté pour la première fois en 2021.
Cadre légal et orientations publiques récentes
En droit international, la Convention de Vienne de 1971 sur les substances psychotropes classe comme stupéfiants la psilocine et la psilocybine, contenues dans certains champignons. Le droit français est beaucoup plus strict puisque tous les champignons hallucinogènes sont classés comme stupéfiants, quel que soit leur genre. Il en va de même des hallucinogènes d’origine synthétique (LSD, GHB, kétamine, etc.). À ce titre, les hallucinogènes tombent sous le coup de la loi du 31 décembre 1970 relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage de substances vénéneuses. Ainsi, l'acquisition, la possession, l'usage, la production, le transport, la cession (même à titre gratuit) et la vente d’hallucinogènes sont prohibés par le Code de la santé publique et le Code pénal.
Selon la gravité des infractions de trafic, les peines encourues peuvent aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité et une amende de 7,5 millions d’euros en cas de participation à un réseau de trafic organisé.
Le GHB est classé dans la liste des stupéfiants en France en 1999 (Arrêté du 28 avril 1999 portant classement sur la liste I des substances vénéneuses et sur la liste des substances classées comme stupéfiants).
En 2011, la cession et la vente de GBL est interdite auprès du grand public. (Arrêté du 2 septembre 2011 portant application d'une partie de la réglementation des stupéfiants à la gamma-butyrolactone (GBL), au 1,4-butanediol (1,4 BD) et aux produits qui en contiennent).